vendredi 19 septembre 2014

La sanction

Elle n’a pas tardé à tomber.
Un mois après l’annonce de ma grossesse, j’ai eu un « entretien » avec mon N+1 et mon N+2…
En guise d’entrevue officielle, j’ai reçu une invitation par mail intitulée « repas + discussion », sans plus de détails. Et c’est donc au snack du rond-point de l’autoroute qu’ils ont lancé les « hostilités ».
Ils n'ont pas mentionné ma grossesse, ils connaissent trop bien le droit du travail.

Alors ils ont parlé de restructuration de service, de redécoupage des tâches, d’évolution pour ma carrière. Et ils m’ont laissé le « choix » entre conserver mon poste actuel, mais tronqué de la majorité de ses responsabilités, ou un « nouveau » poste, dans un domaine nettement moins intéressant, sur un périmètre plus réduit mais où je garderai une partie de mes responsabilités.
Par ici le joli placard en somme…

Alors j’ai joué la diplomatie. J'ai occulté très fort que l'homme en face de moi avait lui aussi 3 enfants. J’ai dit que j’allais réfléchir. J’ai avalé la couleuvre mon mauvais sandwich et j’ai mis fin à l’entretien en refusant un « dessert » (ceux qui me connaissent savent que c’est un signe plutôt fort ;-) ). J’ai tu ma déception et ma colère. 
Car pour moi il n’y a aucune équivoque possible. Mon entretien de mi-année a eu lieu 3 semaines avant mon annonce. Et à aucun moment il n’a été fait mention d’une évolution, d’un changement de poste.

J’ai attendu d’être dans ma voiture le soir pour laisser couler mes larmes. J’ai pleuré une bonne partie de la soirée une fois les filles couchées. J’ai parlé, parlé et parlé encore avec Grand Amour.
Je n’ai pas d’autre choix que d’accepter pour l’instant, de me résigner.
Mais ça fait mal de s’être autant investi dans une boîte en laquelle je croyais, que je pensais différente (en partie pour ça… ils devaient croire à l’époque que je n’aurais pas d’autre enfant ?).
Je vais prendre les choses comme elles viennent et me rencentrer sur l'essentiel.
Et en tout premier lieu, je vais mener cette dernière grossesse dans la joie.

Parce que ce n’est pas une erreur professionnelle, c’est un bonheur personnel.





4 commentaires:

  1. C'est vraiment dégueulasse et écœurant. On se demande ensuite pourquoi il y en a qui se plaisent à en faire le minimum syndical vu les remerciements face à ce qui est, après tout, totalement normal.

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    1. J'avoue que j'ai du mal à le digérer.
      J'avais déjà eu une mauvaise expérience pendant mon congé mat' pour la Groseille, une promotion - qui coulait de source - qui m'avait été "sucrée" car je posais "un problème de disponibilité avec mes bébés" dixit mon directeur de l'époque....Mais ça ne m'étonnait guère de cette boîte et je m'interrogeais déjà sur une probable démission (ça m'avait aidée à partir). Mais je ne pensais pas que ça pouvait se produire ici...
      Comme quoi, en 2014, la grossesse des femmes au travail pose encore largement problème... à des hommes supposés intelligents qui ont des enfants eux aussi !
      Je ne peux rien prouver; ils ont un argumentaire en béton pour se justifier puisque j'ai aussi un collègue qui démissionne (dans un autre service, c'est clairement un prétexte).... Je SAIS, et tous mes collègues aussi, que c'est à cause de ma grossesse. Et ça me fait mal, vraiment.

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  2. Bienvenue dans le monde du travail, celui où tu n'es intéressante que lorsque tu es 100 % dévouée à ta boîte (donc sans congés maternités). Quelque part, c'est nauséeux, surtout vu qu'on était très satisfaite de toi jusqu'à présent.

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  3. Moi je dirai "Laisse tomber la poussière" ;)
    La plus grande erreur est de croire que la moindre réelle valorisation viendra du travail. Tristement de constater que le concept de la bonne élève n'a pas de sens.
    Si je devais refaire ma vie, je doute que je choisirai la meme voie. Le plus important étant la Famille, plein d'enfants ;) Le travail c'est se retrouver ensemble à subir des faux managers dont la moindre nuisance est l'incompétence, des collègues aigris sans raison, faire en un minimum de temps un maximum de tâches, pour au final vivre dans la peur de se retrouver au chômage en se disant toutes ces années à connaitre les noms des vigiles et à voir des moins compétents mais très politiques se positionner. Perso, mon havre de bonheur démarre sur les moments en famille. Croiser des gens stressés en permanence et le devenir soi même est nocif pour la santé. Le placard c'est pas mal si paie identique :) Mais c'est un avis perso. Bises

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