vendredi 10 octobre 2014

On s'était dits RDV dans 10 ans...


Il y a 10 ans tout juste, j’entrais dans la vie active.
Diplôme fraîchement obtenu, j’étais confiante en l’avenir ;-)
10 ans après, le bilan est mitigé, et je me rends compte de ma naïveté de l’époque.
J’ai débuté dans une grande entreprise (américaine) avec une manager en or. Très exigeante mais en or. Elle avait cette capacité rare de « faire grandir » les membres de son équipe tout en respectant la nature de chacun.
Mais la région parisienne n’était vraiment pas notre tasse de thé et quand Grand Amour a eu l’opportunité de retourner en région lyonnaise au bout de 2 ans, j’ai suivi sans regrets.
Mais je n’ai jamais retrouvé de manager comme elle.

Un petit top 10 des pires phrases que j’ai entendues depuis :

«  non mais dites moi tout : vous êtes enceinte ? » (en entretien, de retour de mon tout premier arrêt maladie - pour cause de grippe….)

« vous colportez des bruits de chiottes, là » (lorsque j’ai remonté le compte-rendu des équipes de production concernant des difficultés – bien réelles - sur une partie des lignes de production) 

« si vous étiez l’un de mes enfants, je vous mettrai 2 claques » (pour avoir exprimé, en toute courtoisie, un désaccord en réunion)

« oh m*rde… m*rde, m*rde, m*rde…. Déjà ? Mais je pensais que vous attendriez un peu ! » (quand j’ai annoncé ma première grossesse - à 27 ans)

 « tu t’impliques beaucoup moins je trouve depuis que tu es revenue de congé mat » (quand j’ai dit à18h15 qu’il me serait difficile de partir en déplacement le lendemain matin à 6h)

« tu t’impliques trop, prends le avec plus de philosophie » (dans la même bouche, quelques temps plus tard, quand un gros projet a capoté…)

« vous, vous avez vos bébés. Il y a un temps pour tout vous savez. » (quand ma promotion m’est passée sous le nez pendant mon second congé mat)

« j’ai calé tous mes RDV jusqu’à la fin de l’année, je ne vais quand même pas modifier mon agenda pour vous » (quand j’ai demandé à mon N+2 s’il était possible de reporter une réunion d’une journée.)
 
« c’est la vie ! » (quand j’ai osé dire que ça faisait 6 mois que je ne voyais plus beaucoup mes enfants pour cause de charge de travail démentielle)

« Ce congé mat était un paramètre que nous ne pensions pas devoir prendre en compte » (quand on m’a présenté mon « évolution professionnelle » à venir….)
 

Voilà, voilà, voilà…
10 ans après, ma naïveté et quelques illusions sont parties.

Je suis toujours à la recherche du bon équilibre entre ma vie professionnelle et ma vie personnelle. Car j’ai besoin des 2 aspects pour me sentir bien.
J’adore les miens, je m’éclate à faire des activités avec mes enfants. Mais j’ai aussi besoin de stimulation intellectuelle, de chercher des solutions à des problèmes complexes, de me confronter à des collègues.
J’ai entériné qu’on ne récompense pas toujours ceux qui donnent sans compter… alors j’ajuste la balance.
Mais quoi qu’on puisse encore dire de stupide sur les combats féministes, la grossesse des femmes au travail est encore très largement perçue de façon négative par l’entreprise.
Je le ressens durement ces dernières semaines.
En plus de mon évolution « forcée », on vient de m’annoncer que je serai remplacée par 2 personnes en CDI.
Une collègue récupère mon poste actuel et le conservera.
Une autre collègue va prendre mon « nouveau » poste le temps que je revienne de congé.
Cette même collègue était « menacée » de licenciement il y a encore quelques semaines.
A mon retour, l’une de nous devra partir…

Voilà, voilà, voilà…

3 commentaires:

  1. Ton top 10 est impressionnant, c'est même écœurant à certains moments, pas étonnée que tu sois redescendue de ton nuage post diplôme.... Courage.

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  2. + 1 avec le précédent commentaire

    Et préviens les filles qui prennent ta place que ce serait "mieux pour elles qu'elles ne tombent pas enceintes"...

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    1. mes 2 remplaçantes sont mères... d'adolescents !
      donc clairement pas de projets de grossesse à venir, et des enfants plus autonomes.
      Je redoute leur choix à mon retour... j'aurai alors 3 enfants en bas âge dans la balance (et clairement l'envie de demander à travailler à 80% pendant 18 mois....).
      A mon avis, leur décision est déjà prise.

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