mardi 11 mars 2014

De la souffrance au travail

On en parle ? Ou on fait comme si de rien n’était ?
Comme si cette envie de FUIR qui apparaît avant même 9h du matin n’existait pas ?

Fuir.
Ce bureau sans fenêtres, sans air frais, sans soleil.

Fuir.
Ces néons blafards et cette clim qui couine.

Fuir.
Ces sandwiches avalés devant l’écran pour gagner du temps et espérer ne pas rentrer trop tard (en vain)

Fuir.
Ce nouveau logiciel révolutionnaire dont on me promet d’améliorer les temps de réponse depuis des mois mais qui mouline toujours pendant 5 minutes dès que je modifie un chiffre.

Fuir.
Cette impression de n’avoir aucune valeur ajoutée, à remplir des tableaux toute la journée.

Fuir.
Toutes ces recommandations faites en vain car jamais écoutées.

Fuir.
Ces petites phrases assassines anodines  :
- « oh ça ne devrait pas te prendre trop de temps » Comme si cet énième tableau, cet énième graphique, cette énième analyse se créaient comme par magie en claquant des doigts (et non en croisant 3 sources de données différentes dans des tableaux croisés dynamiques à 56 colonnes).
- « Je me moque de tes horaires, tant que le travail est fait » (et quand y’a du boulot pour 12, on fait comment ?)
- « Apprends à dire non »… (mais pas à moi, ni à Big Boss, ni aux copains de Big Boss… mais à qui alors ?)
- « Mais tu verras, quand le logiciel révolutionnaire sera pleinement opérationnel, ça te dégagera plein de temps (et on pourra te donner plein de nouvelles études stratégiques) » (Hum, le projet qui a 2 ans de retard ? et qui en prend encore ?)
- « Je sais que tu es bien occupée mais fais le quand même. Tout de suite. » (chef, oui, chef !)
- « Fais le en parallèle » (en parallèle de quoi ? de ma nuit de sommeil ?)


Fuir.
Cette culpabilité grandissante de passer trop peu de temps avec elles, de passer à côté de leur enfance, de passer à côté de l’essentiel.
 
Fuir.
Ces larmes qui coulent parfois le soir, quand je rentre enfin.
 
Mais chuuuut… ne disons rien.

Faisons comme si j’étais mal organisée, comme si je n’étais pas assez résistante au stress, comme si je ne savais pas prendre de recul.
Après tout, j’ai un travail et par les temps qui courent, c’est précieux.
Après tout, je suis cadre (même si je n’encadre rien d’autre que… mon propre travail).
Il paraitrait même que j’ai le salaire pour ça (on parle en salaire horaire effectif ou pas ?). 

Chut, voilà.
Ce n’est rien.

2 commentaires:

  1. Autre chose, c'est possible... la preuve http://yurtao.canalblog.com/

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  2. Merci pour le lien. J'ai adoré le billet intitulé "oeuvrer sans agir", l'apaisement transparaissait entre les lignes.... Il y a un millier de choix et de chemins entre mon rythme de vie actuel (loin d'être épanouissant j'en conviens) et une vie en ermite dans les bois mais c'était bon de les envisager ne serait-ce qu'un instant, le temps d'un peu de lecture sur ce blog. Food for thought ! Merci ;-)

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