Dans ma poche

La poche du sac à dos de la Framboise regorge toujours de petits trésors....

Il y a environ 2 ans et demi, je me rappelle être montée dans notre "mezzanine-grenier" un mercredi après midi avec la Framboise pour jouer "aux légos de Papa", pendant une sieste de notre toute petite Groseille qui devait avoir moins de 2 mois.

Grand Amour a en effet conservé (enfin, Belle Maman), 3 grosses caisses de jouets de son enfance. Une caisse remplie de légos, une caisse remplie de "zoïdes" (c'est la façon dont il appellait ses robots, enfant) et une autre caisse, plus petite, remplie de ce que j'appelle ses "petits trésors": un mélange de petites voitures, de billes et de petits soldats.

La Framboise avait envie ce jour là d'explorer les trésors de Papa et en bonne flippée que je suis, j'ai immédiatement trié les billes de la caisse.

2 billes ont alors attiré mon attention, mi translucides, mi-métalliques. Elle m'ont plu à tel point que je les ai fourrées dans ma poche de pantalon, puis dans celle de mon manteau d'hiver lors de la sortie au parc qui a suivi.
Et durant tout cet hiver, où Grand Amour a commencé à travailler loin de la maison, où je me suis sentie si seule, où j'étais si démunie et si fatiguée par les nuits hachées de la Groseille... je me suis accrochée à ces billes.
Je les manipulais dans la poche de mon manteau tout en courant d'un point A à un point B, nounou, pédiatre, courses alimentaires, agent immobilier...
Je touchais ces billes comme un porte bonheur en pensant à mes 2 filles, à leur père, pour tenir le rythme effréné, les nuits sans sommeil...
Je les ai oubliées le temps de l'été 2012.
Puis je les ai retrouvées avec surprise l'hiver suivant, celui où j'ai créé le blog. Elles m'étaient plus que jamais utiles, puisqu'un an s'était écoulé sans que le changement que nous espérions n'ait pu se réaliser. Je me rappelle avoir fouillé frénétiquement la voiture une fois, croyant en avoir perdu une.
Elles sont même passées dans mon trench de printemps, pour me donner la force d'affronter ce grand changement tant attendu, à savoir ce nouveau boulot, cette maison qui peinait à se vendre, ma belle-mère à charge, un déménagement sans avoir vendu et tout ce qui a pu se produire cette année là...

Cet hiver, je les ai retrouvées et elles m'ont accompagnée également, pour me rappeler que l'équilibre n'était pas encore là, que je ne voyais pas les filles assez, qu'il fallait que ça change.
Ce printemps, j'ai acheté un sac de billes pour une séance de peinture à la bille avec les filles. Pendant la séance, 2 nouvelles billes m'ont attirée comme un aimant. D'un bleu marine foncé, profond, avec quelques zébrures colorées. Elles sont venues directement grossir les rangs des porte-bonheurs dans ma poche. 

Jouer avec ces billes dans ma poche est devenu un petit rituel pour m'apaiser. 
Elles étaient 4, comme nous sommes 4. 
Elles étaient là pour m'aider à me recentrer.
Sur mes 2 p'tits fruits qui ne quittent jamais mes pensées.
Sur mon couple, pillier de mon existence.
Sur ma famille.

Il y a 2 ou 3 semaines, Grand Amour a ressorti ses caisses de jouets pour une séance de jeu avec les p'tits fruits.
J'ai farfouillé de nouveau dans la caisse des p'tits trésors.
Je l'ai vue, et j'ai su.
J'ai su que cette bille d'un bleu azur allait m'aider à porter mon espoir, notre espoir.

Elles sont donc 5 dorénavant, dans la poche de mon trench.

Le trench est parti au pressing cette semaine. Les billes sont rangées dans ma table de nuit en attendant son retour. Je vais sans doute les oublier un peu le temps de l'été.

Mais j'espère les retrouver avec bonheur l'hiver prochain. 
J'espère aussi que mon vieux manteau d'hiver sera trop petit.
Trop petit pour couvrir mon ventre que j'espère d'ici là, rond comme une bille.