lundi 26 novembre 2012

MMGG

17 ans
Ma mère m’annonce en plein repas familial devant mon père, mon frère pré pubère, ma sœur et son tout-nouveau copain (mon futur beau-frère)  qu’elle m’a pris un RDV chez le gynéco pour me prescrire la pilule.
Je suis rouge de honte, j’essaie de lui glisser discrètement en débarrassant la table que c’est gentil de s’inquiéter mais que j’en ai pas vraiment besoin (rapport au fait que j’étais une vraie bras-cassée de la relation sentimentale et que je n’avais jamais eu un seul petit ami encore).  Toute la tablée se voit rappeler à son bon souvenir que je suis vierge avant qu’on passe au dessert. Je suis donc légèrement chafouin quand ma mère me traîne m’accompagne dans le cabinet médical le mercredi suivant. Le doc a beau être très sympa, me dire que l’ordonnance sera faite au cas où j’en ai besoin dans l’année, je me sens mal, très mal….
Et je décide, de façon totalement arbitraire, que mon futur suivi sera fait par une femme gynéco.
Dans les quelques années qui suivent, j’ai eu l’occasion de rencontrer quelques unes de ses consoeurs…
-          Celle qui t’humilie en moins de 10 mots : premier RDV, « mais en fait, vous êtes une fausse maigre, vous ! » quand tu commences à te déshabiller pour l’examen
-          Celle qui ne t’écoute pas vraiment et te demande de te (re-)présenter à chaque RDV : « mais non, la pilule n’est pas responsable de votre prise de poids ? vous pesiez combien la première fois qu’on s’est vues ? vous êtes déjà venue, non ? mais où est votre dossier ???»
-          Celle qui insère le spéculum sans prévenir (et sans douceur aucune….) et assène : « détendez-vous ! »
Et jamais aucune d’entre elles n’a pu dissiper la sensation première que j’ai ressenti à 17 ans.
On dit bien qu’on a rarement l’occasion de faire une première bonne impression. La consult gynéco avait raté son entrée, j’y allais donc toujours à contrecœur, et je changeais très souvent de praticienne, au gré de mes envies et déménagements….

27 ans, 10 ans plus tard
Grand Amour est entré dans ma vie, on déménage, encore (premier achat immo), l’envie de bébé devient présente… je dois trouver un nouveau gynéco. Et un bien, qui m’accompagnera pendant ma grossesse.
Je me renseigne, je fais la liste des gynéco-femmes dans mon périmètre. Je prends RDV avec l'une d'entre elles. RDV un mois plus tard. Je me présente à l'accueil : "Dr-Mme-j'aurais-pu-être-votre-gynéco" est malade, son confrère la remplace.
Ah zut. Tant pis, je prends mon mal en patience dans la salle d'attente. Je trouve quand même ça cool qu'ils aient organisé un remplacement.

Et Monsieur Mon Gynéco Génial est entré dans ma vie.
Respectueux, avec un discours clair et direct. Chaleureux juste ce qu’il faut, discret juste ce qu’il faut, rassurant juste ce qu’il faut.
Avec lui, je me sens à l’aise, je pose TOUTES mes questions. Les réponses sont franches et directes. Dès le début, je l’imagine sans problème m’accompagner en salle de naissance. J’ai confiance en son jugement.
Bon, il n’était pas là pour la naissance de la Framboise (si elle n’avait pas décidé de faire un peu de rab, elle ne serait pas née le jour de son départ en vacances) mais il était présent pour celle de la Groseille (il est revenu exprès un samedi où il ne devait pas travailler et  a même enregistré le dernier match du 1er tour de la coupe du monde de rugby pour venir, on avait interdiction de lui dire le résultat !! -oui, Grand Amour suivait l’avancée du match sur son Smartphone en salle de naissance- on s’occupe comme on peut !).
MMGG, il accepte mon point de vue même s'il comprend pas. "Vous ne voulez pas la péri? Mais POURQUOI donc vous ne voulez pas la péri?"

Là, je dis rapidement, que pour l'accouchement de la Framboise, j'ai moyen apprécié la péri trop dosée, j'ai rien senti.

Il m'a pas demandé plus de détails, alors que j'aurais pu lui en donner (je ne me suis pas rendue compte de la naissance de ma fille, j'ai poussé dans le vide, j'ai poussé longtemps, on m'a filé de l'oxygène, j'étais stone, j'avais une puéri sur le ventre qui "barrait le passage" au bébé qui remontait entre les poussées, on a ventousé le p'tit fruit, on me l'a posée sur le ventre alors que je ne pensais même pas qu'elle était sortie.... et je suis restée comme "paralysée" par la péri 8 heures encore après).

Ce n'est absolument pas un jugement sur l'équipe qui m'a aidée à accoucher ce jour-là, elle a été formidable (en plus ma sage-femme ce jour là, c'était une copine de voyages de noces donc on a parlé, parlé, parlé... de mon accouchement en toute liberté, et aussi pour se raconter ce qui s'était passé dans nos vies pendant 1 an) ! Le risque de césarienne en urgence était dans l'air, j'en ai été informée et j'ai su pourquoi chaque action était entreprise et pourquoi cette péri était dosée pour un cheval très fortement. Et vu la réaction de la Framboise une fois née, je suis plutôt contente d'avoir fait confiance à l'équipe médicale.

Mais j'avais envie de vivre ça différemment pour la Groseille, et il m'a suivie sans sourciller. Tout comme je peux m'en remettre à lui si la tournure des événements n'est pas celle envisagée.

Il a accepté de lui laisser une semaine entière après terme pour venir "naturellement" alors que les sage-femmes qui faisaient mon suivi post-terme à la maternité voulaient qu'on prévoit un déclenchement sur le champ. J'ai accepté au bout de cette semaine, que mon p'tit fruit soit délogé (2 grossesses menées à- plus que- terme, 2 déclenchements).

Des échanges intelligents, c'est ça qui en font un gynéco génial.
Et quand je le croise dans les couloirs de la clinique un an après mon dernier accouchement, il me demande comment vont les p'tits fruits, en les nommant par leurs prénoms (vous croyez qu'il se rappelle de tous les prénoms des enfants qu'il a vus naître?).

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